Rencontres ferroviaires, de Paris à Tokyo

Les voyages en train sont par essence romanesques : ils incitent à la rêverie, laissent la place à l’imprévu et le temps aux rencontres. En témoignent deux livres rédigés aux deux extrémités de la planète, en France et au Japon.

Le roman Paris-Briançon, de Philippe Besson, a pour unité de temps et de lieu le train de nuit du même nom, 11h de trajet en wagon-couchettes. Cette durée permet aux voyageurs de faire connaissance, de jouer aux cartes, mais aussi, parfois, de se confier, voire de nouer un début d’histoire amoureuse… Les rencontres ferroviaires ont ceci de particulier qu’elles s’affranchissent des classes sociales et même des générations, faisant se télescoper des destins qui n’auraient jamais dû se croiser sinon.

Au prochain arrêt, de Hiro Arikawa, situe son action sur la ligne Hankyū Imazu, reliant Takarazuka à Nishonomiya. Des lycéennes, des étudiants, des salariés et des personnes âgées montent et descendent aux différentes gares, dans ce qui ressemble à nos trains de banlieue ou RER. On se croise, on s’interpelle, on s’aborde aussi : finalement, en Extrême-Orient, les choses se passent un peu comme dans l’Hexagone. Les similarités entre les deux livres poussent à rechercher les différences qui sont surtout d’ordre culturel : on découvre ainsi qu’il est très malpoli au Japon de rire trop fort dans un wagon ou de réserver, en y posant un sac, une place pour une personne qui arrivera plus tard. De manière assez poétique, on apprend que les gares peuvent être jugées plus ou moins agréables, notamment quand elles hébergent des nids d’hirondelles. Les jeunes amoureux japonais, timides, prennent plus de détours pour se tourner autour…

Le récit de Philippe Besson prend à un moment une bifurcation, un aiguillage, très différent de celui d’Arikawa, qui a une forme plus kaléidoscopique, comme des nouvelles qui s’entremêlent. Les deux se lisent agréablement (mais sans plus), le temps d’un Nantes-Lyon ou d’un Marseille-Bordeaux.

Publié par Céline

Curieuse, j’aime me laisser porter d’une lecture à l’autre, d’un film à un documentaire, d’une expo à un concert… et tisser des liens entre ce qui m’émeut ou me fait réfléchir.

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